Dans le désert du Niger, au pied des monts de l’Aïr, un peuple touareg a été obligé de se sédentariser dans le village de Tchindounan. En constatant la grande précarité, dans laquelle beaucoup d’entre eux vivent, ils ont créé l’association Tenminak N Temet pour aider les plus vulnérables et faire des actions de développement dans leurs villages. Hazado un des leader de l’action et Issoufou, le secrétaire général, sont les interlocuteurs de Tenminak N Temet avec TDV.

Des talents ancestraux au service de tous. Pour vivre, ces anciens nomades bijoutiers de tradition, fabriquent artisanalement des bijoux que l’association revend en France, le tourisme ayant quasiment disparu au Niger, du fait de la grande insécurité. Les fruits de ces ventes sont utilisés dans un esprit fraternel puisqu’ils sont gardés pour une caisse solidaire. « Avec l’argent de cette caisse, on peut payer les frais de santé ou la nourriture pour les plus pauvres d’entre-nous. On peut aussi payer l’enseignant pour l’école du village », explique Hazado.

Inondations dévastatrices et troupeaux dévastés

Les violentes inondations de 2018 ont dévasté les villages autour de Tchindounan, emporté une femme et son enfant, arraché et souillé les tentes, anéanti les réserves de nourriture, détruit l’école.

Une grande partie du bétail (90% des animaux) a également été emportée par les eaux, ce qui a pénalisé lourdement les familles en terme de nourriture et de ressources financières pour les autres besoins .

La fermeture des frontières (Covid-19) a rajouté de graves impacts sur les populations, notamment les plus pauvres.

Les mesures politiques prises contre la pandémie de Covid-19 ont beaucoup impacté ce pays, totalement dépendant de l’importation.

Les prix de la nourriture ont flambé : Issoufou fait le point : « en janvier le prix du sac de riz a augmenté de 50 % et celui du sac de mil de 20 %. Aujourd’hui le prix du mil est presque revenu à la normale, mais celui du riz reste à 20 % au dessus de la norme »

Impossibilité de vendre les bijoux L’autre conséquence très grave fut l’impossibilité pour les vendeurs touaregs de venir en France pour leur vendre des bijoux, et sans cet apport la communauté n’a pas de rentrée d’argent et ne peut plus subvenir aux besoins des habitants les plus vulnérables. Hazado, partage son inquiétude: « les parents économisent sans cesse la quantité de nourriture afin que les réserves ne finissent pas. Les enfants et leurs parents ne mangent pas à leur faim (1 ou deux tasses par jour).

 

L’urgence de l’aide alimentaire : Issoufouconstate : « Il est devenu impossible de vendre, ni bijoux, ni bêtes, ni fromages, ni lait , les gens n’ont plus rien». Pour répondre au besoin urgent de cette population sans ressource, Terre de vie a dû envoyer régulièrement de l’aide alimentaire depuis un an pour simplement éviter aux gens de mourir. Cette aide devra durer jusqu’en juin, et très probablement être renouvelée jusqu’en septembre, l’été correspondant à la période de soudure durant laquelle la nourriture est la plus rare et la plus coûteuse.

Trouver des solutions pour vivre !

Ces nomades récemment installés sont restés des pasteurs ayant toujours vécu avec des troupeaux. Les chèvres et brebis ont été décimées par les périodes de fortes inondations qui ont aussi détruit des puits, ce qui n’a pas permis d’abreuver les bêtes qui restaient.

Ces troupeaux décimés c’est tout leur savoir faire pour vivre qui ne peut plus s’exercer. Après bien des échanges entre villageois, il leur est paru évident que la survie passait à nouveau par un petit troupeau familial, d’autant plus que le nouveau puits déjà financé en partie par Terre de Vie permettra d’avoir de l’eau suffisamment

Des petits troupeaux de chèvrespermettront aux villageois de ne pas tomber dans une précarité plus profonde : ils jouent un rôle essentiel à différents niveaux. Celui, d’abord, de nourrir les enfants grâce au lait des femelles permettant ainsi d’équilibrer leurs repas souvent carencés. Le lait permet également la production de fromage.

Les chèvres ont également un rôle « d’épargne » important. Une bête, ou les fromages, peuvent être vendus ou troqués (système courant) sur le marché contre des sacs de nourriture. Pour se soigner, il est nécessaire de vendre pour payer des soins avec de l’argent en espèces, le troc n’étant pas autorisé dans les centres de santé.

Hazado et les autres leaders de la communauté sont unanimes : « les villageois resteront dans cette précarité tant qu’ils n’auront pas de nouveau cheptel. Beaucoup de familles ont tout perdu. ».

Devant cette situation, Terre de Vie a accepté de financer le rétablissement d’un cheptel à une trentaine de familles. Celles qui sont les plus précaires auront neuf animaux, les autres moins.

Une chèvre coûte 42€, une brebis 46€. Le coût total de cette action est de 9 627,89€